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Deux artistes font entrer l'art à domicile
LA COURNEUVE. Deux artistes ont rencontré les habitants d'une cité . Ce sont leurs portraits et des photos prises chez eux qui sont exposés à partir d'aujourd'hui au centre culturel Jean-Houdremont . 10 octobre 2002 Édition Seine St Denis Page VII |
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Voilà un an déjà que Gaële Braun et Pascaline Marre sillonnent La Courneuve. L'une portant son carnet de dessins et ses encres, l'autre ses appareils photos en bandoulière. Ni caricaturiste, ni paparazzi, ces deux artistes ont en fait tissé un maillage humain et artistique, allant d’un appartement à l'autre, pour créer les Rencontres à domicile. Lors de ces rencontres, une centaine en tout, Gaële a effectué une série de portraits à l’encre de Chine ; les personnes rencontrées ont alors choisi le dessin qu’elles préféraient et devaient le mettre en situation chez elles. Cette mise en scène personnelle a été photographiée par Pascaline… Dès aujourd’hui, et durant un mois, les dessins et les photos sont exposés au Centre culturel Jean-Houdremont à La Courneuve, montrant l’incroyable cheminement au cœur d’une cité de ces deux artistes, deux «tisseuses de liens» et «donneuses d’art». «Je voulais faire quelque chose avec des gens non invités (sic) et non initiés, explique Gaële. J’avais envie d’avoir des contacts avec les gens qui vivent ici et surtout de les intéresser aux arts plastiques, qui sont moins abordables que la musique par exemple, qui, elle, se diffuse facilement» De la chaleur humaine, du dialogue L'artiste, initialement inconnu, n'entre pas chez les gens aussi facilement, tout comme l'art ne pénètre pas leur intimité avec aisance ! « Le réseau s'est constitué petit à petit, poursuit Gaële, avec comme point de départ le Dr Amar, praticien qui fait beaucoup pour les gens d'ici. Grâce à lui et sa secrétaire, j'ai d'abord rencontré Stéphanie qui m'a mise en rapport avec quelqu'un d'autre qui en a parlé à une autre personne et ainsi de suite jusqu'à la centième rencontre... » Blonde, fragile, avec une sensibilité à fleur de peau, Stéphanie est née aux 4 000. Elle vit non loin de « SON » chez elle, sa regrettée barre Renoir, détruite par implosion le 8 juin 2000 : « Gaëlle et Pascaline ont apporté chez nous de la chaleur humaine, du dialogue, lance-t-elle tout de go. En voyant le résultat, le dessin et la photo, je me suis vue comme une femme épanouie, genre Tahiti Douche quoi ! » D'autres ont été moins enthousiastes mais tout aussi touchés. Par les dessins de Gaële, notamment, qui, au fur et à mesure des conversations, a su pénétrer l'âme des gens, faisant ressortir la particularité de chacun sans pour autant en faire des caricatures grossières. La mise en abyme de Pascaline, photographiant le sujet avec son dessin a provoqué également des réactions émotionnelles, comme chez Madougo, Dicko, Myriam ou bien encore Hervé, l'un des volontaires masculins : « Ce n'est pas facile pour un homme de se faire prendre en photo dans son intérieur, avoue-t-il. Traditionnellement, sa place, c'est plutôt à l'extérieur, non ! J'ai trouvé le résultat magnifique... » |
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